Nom : Maude Alarie-Labrèche
Mots-clés : Commémoration, révolution, autochtone, Kuna, Panama
En 1925, les Kunas (Gunas), autochtones du nord-est du Panama, se soulevèrent en armes afin de contrer les politiques assimilationnistes du gouvernement national. Première étape dans un long processus d’affirmation identitaire et de revendications territoriales, ce soulèvement est aujourd’hui connu sous le nom de Révolution kuna (Revolución Dule). Considéré de nos jours comme un symbole des luttes autochtones pour l’autodétermination et l’autonomie politique, cet épisode historique est grandement célébré dans le territoire de Kuna Yala (Gunayala). À Uggubseni, scène principale du soulèvement de 1925, la commémoration prend la forme d’une reconstitution historique où, pendant plus d’une semaine, les villageois reconstruisent le scénario révolutionnaire. Cette commémoration particulière est l’objet de mon travail de recherche, par lequel je tente d’explorer comment est remémorée et interprétée aujourd’hui la Révolution kuna.
Pour ce faire, ma recherche vise d’abord à analyser l’événement même de la commémoration afin de situer le sujet d’étude au sein de son cadre contextuel. En me penchant sur la forme que prend la commémoration, j’en suis venue à définir celle-ci comme un ensemble festif actant à titre de nouveau rite au sein de la ritualité kuna. Cette première approche à la problématique m’amena à me questionner sur le rôle rituel de la commémoration. Je me suis dès lors intéressée à sa forme carnavalesque, argumentant que par celle-ci, la commémoration permet aux villageois de repenser la relation dialectique entre l’État panaméen et l’autonomie kuna, de même qu’elle sert d’exutoire à des tensions internes. Ensuite, la présente recherche me permit de comparer les diverses interprétations de cette étape de l’histoire kuna et panaméenne afin de cerner les différents intérêts impliqués dans la commémoration du soulèvement kuna. Enfin, le cœur de mon travail porte sur le rôle de la mémoire collective dans la construction et la réitération d'un discours identitaire, et ce, en analysant comment la mémoire de la révolution est transmise, reçue, interprétée et utilisée aujourd'hui.
Un terrain ethnographique dans la communauté kuna d’Uggubseni est à la base de ce travail de recherche. C’est par l’entremise d’entretiens avec des participants à la reconstitution historique, des leaders de la communauté et des villageois prêts à partager leurs souvenirs des commémorations antérieures, de même que par ma propre participation et mes observations lors des festivités commémoratives de 2011, que s’est construite cette analyse de la commémoration de la Révolution kuna.
Bourses : - Bourse du département d'anthropologie de l'Université de Montréal - Bourse d'études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier (maitrise) – CRSH - Bourse de terrain octroyée par le groupe de recherche « Dynamiques religieuses des autochtones des Amériques » du FQRSC
Courriel: m.alarielabreche@gmail.com
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